Hanoi, début juin.
Canicule.
Le thermomètre affiche 39 degrés, mais mon corps penche pour un ressenti à 50 degrés. Les rues sont désertes. Il n’y a plus d’eau froide à la maison (les ballons d’eau sont sur le toit, ils ont toute la journée pour chauffer). Même l’eau de la piscine est trop chaude !
Bref, ce week-end on part dans le Grand Nord pour un peu de fraicheur !!
Ah, le Nord du Vietnam, le Haut Tonkin, Ha Giang, Meo Vac … les chaînes de montagnes, les rizières en terrasse, les ethnies montagnardes aux costumes colorés : Lolos noirs, Hmong noirs ou Hmongs fleuris, Tay noirs ou blancs, Daos rouges....Je rêve en feuilletant mon Lonely Planet. Problème, 7h de route pour y aller, c’est un peu loin pour le week-end.
Ainsi, au Nord, c’est Sapa qui est accessible en week-end, surtout depuis qu’il y a la nouvelle autoroute. Mais Sapa est aussi réputée pour être une ville très touristique avec ses hôtels à néons clignotants, ses vendeuses de colifichets qui vous collent en répétant « Please Buy to me, please buy to me » … et surtout ses cohortes de touristes qui marchent à la queue leu leu dans les rizières.
Pour ne pas tomber dans les pièges à touristes, j’abandonne le Guide Michelin et le Lonely Planet pour l’ami Google. Je jette un œil à Home made vietnam (http://homemadevietnam.com/voyage-au-vietnam/sapa-2-1390.html), Madame Oreille (http://www.madame-oreille.com/blog/index.php/trek-a-sapa-lhistoire-du-reportage-qui-nexistera-pas/) et Lavieauvietnam de Hanh, une vraie Hanoienne (http://lavieauvietnam.com/aller-de-hanoi-sapa-tres-vite-maintenant/) qui me donnent quelques (bonnes) idées.
En plus, le Victoria Sapa Resort & Spa (http://www.victoriahotels.asia/fr/our-hotels-in-viet-nam) est en promo. Sapa, c’est parti !
Le train de Hanoï à Sapa (enfin, jusqu'à la gare de Lao Cai)
Vendredi soir, direction la gare d’Hanoi (Ga Ha Noi) pour prendre le train.
Tous les soirs (ou presque ?) un train relie Hanoï à Sapa. Le train est composé de plusieurs wagons (logique) affrétés par différentes sociétés sous différentes marques : il y a le Victoria Express (réservé à ceux qui vont à l’hôtel Victoria – hors de prix), le Livitrans Express, le Sapaly Express, le Fanxipan Express…. Ils ont moins ce point commun d’être tous des Express. C’est rassurant de savoir que tous les wagons partent et arrivent ensemble ! La différence réside dans la décoration et le confort : certains offrent des cabines à 2 ou 4 couchettes « soft sleepers (avec un matelas….) et d’autres offrent des cabines à 4 ou 6 couchettes « hard sleepers » (sans matelas ou presque…). Evidemment les prix varient d’une marque à l’autre en fonction du confort. J’avais réservé avec l’Orient Express (http://www.orientexpresstrainsapa.com/), j’ignore si c’est celui d’Agatha Christie, mais la décoration avait l’air cosy et la sales manager, Ms . Hien, était très sympa et serviable et parlait très bien anglais (ce qui est un plus considérable dans l’organisation d’un voyage).
Nous montons donc dans le wagon de l’Orient Express, et avons la (bonne) surprise d’être surclassés en cabine VIP. Deux couchettes douillettes, cabines en bois, petite bouteille d’eau et serviette rafraichissante, nous avons l’impression d’être dans un mini chalet ambulant. Nous avons apporté un pique-nique bien français : sandwichs, rosé et fondants au chocolat. Le week-end commence bien !
La nuit passe tranquillement, bercés par le roulis régulier du train.
De Lao Cai à Sapa en voiture
Vers 5h, nous arrivons à la gare de Lao Cai. Le jour est déjà levé, l’air est frais (enfin !). Il nous semble avoir l’excitation des parisiens qui partent à la montagne et se réveillent le matin les pieds dans la neige. Nous sommes partis à la montagne, mais nous n’avons pas les pieds dans la neige, et surtout nous ne sommes qu’au pied des montagnes. 40km nous séparent encore de Sapa.
A la gare, un chauffeur nous attend. Enfin est censé nous attendre. Bref, il ne s’est pas réveillé.
Nous nous faisons alpaguer par un chauffeur de mini bus 7 places qui nous assure qu’il part tout de suite et pour pas cher. Nous voilà enfermé dans un bus presque vide avec le chauffeur qui veut être payé tout de suite (et pour pas si peu cher…).
« Please, you pay now.
- We pay when we go.
– Yes, yes, no problem, we go now ! You pay now ?!
- Ok, let’s go then. We pay when we go…
- 5 minutes. But please pay now.”
En réalité, nous ne sommes pas prêts à partir : le bus ne partira que lorsqu’il sera plein. Ce qui n’est pas près d’arriver.
A force d’appeler le chauffeur, celui-ci finit par se réveiller et arriver (nonchalamment). Nous récupérons nos affaires et fuyons le bus. Le chauffeur de voiture privé nous explique que la voiture va arriver ( toute seule????) et nous invite à nos asseoir dans un café (qui doit être tenu par sa mère, ou sa tante). Nous refusons poliment de nous asseoir, même pour 5.000VND le siège (la mère / tante est furieuse). Notre 4x4 finit par arriver. Nous voilà enfin en route vers Sapa.
40km nous séparent de l’arrivée, 40km d’une route de montagne sinueuse, serpentant entre les rizières à flanc de montagne. Notre 4X4 a heureusement une bonne reprise et nous permet de dépasser allègrement vélos, scooters, bus et camions. Plus la route monte, plus nous voyons les gens se couvrir : Kway, blousons, anoraks. Pour nous qui venons de quitter la canicule hanoienne, cela nous parait surréaliste !
Le Victoria et sa piscine
Arrivés à l’hôtel, nous profitons de tout l’agrément d’un grand hôtel : staff accueillant, thé à la cannelle, chambre jolie et confortable, billard, piscine….
Anecdote : A la piscine, une leçon de natation est en cours. Nous nous amusons de voir de grands enfants avoir peur de l’eau. Mais il est vrai que la plupart des vietnamiens ne savent pas nager et que la noyade est une cause importante de mortalité infantile. Ils sont dont une dizaine à apprendre à mettre la tête sous l’eau en retenant leur respiration, battre des pieds, trouver leur équilibre dans l’eau. Les yeux ronds, ils nous regardent faire des longueurs de crawl et de brasse. Nous nous serions envolés, qu’ils n’auraient pas été plus surpris !
La Sapa du touriste : tradition et pauvreté
Puis promenade dans la ville. Sapa se révèle telle que je le craignais : encombrée, grise, pleine de touristes et de marchandes. Les jeunes filles en tenue traditionnelle sont ravissantes: visages ovales dorés, yeux en amande et longs cheveux noirs attachés en une queue de cheval. Leur beauté a la simplicité de l’enfance. En sont-elles conscientes? Les femmes (mariées ?) remontent leurs cheveux en un chignon enroulé autour de leur tête qui tient par un simple peigne en argent. La plupart sont encore belles. Mais, vers l’heure du déjeuner, au détour de ruelles, on voit certaines dormir sur un coin de trottoir, la tête posée sur le baluchon de leurs marchandises. Dans leur sommeil, elles ne cachent plus leur fatigue. Sont-elles heureuses de cette vie de perpétuel démarchage ? Pour elles, est-ce une norme dont elles s’accommodent ? Quelle serait leur vie sans le tourisme ?
Nous déjeunons au Red Dao House, un restaurant dans une maison traditionnelle tenue par des Dao rouges. Une dizaines de femmes et de jeunes filles en tenue sont assises sur les marches. Elles ne mendient pas. Mais quand les clients ont fini leur déjeuner, elles vont chercher leurs restes pour les mettre dans des petits sacs. Certains clients semblent avoir énormément commandé. Font-ils exprès de laisser des assiettes pleines pour ces femmes ? D’un côté il faut admirer ce système d’entraide. Au moins il n’y a pas de gaspillage. Mais d’un autre côté, ce mélange de beauté et de pauvreté nous attristent. Nous décidons de nous éloigner de la ville pour l’après-midi.
Excursion à 3 sur un scooter
Nous louons un scooter et contactons une guide qu’on nous avait recommandé. Nous retrouvons Pai devant l’église de Sapa. Nous montons à 3 sur le scooter (Vietnam style) et partons vers une montagne proche de Sapa.
Par chance, plus nous montons, plus le temps se lève. D’un coup, la montagne vietnamienne se montre sous un grand ciel bleu : sommets acérés recouverts de végétation, rizières émeraude à perte de vue. Et personne, absolument personne Régulièrement nous nous arrêtons pour des séances photo. En haut d’une côte, nous découvrons un petit étang, perdu au milieu des rizières. Il nous semble marcher sur les nuages et toucher le ciel.
Plus nous montons, plus les pentes sont raides. Et à 3 dessus, le scooter renacle comme un vieil âne grincheux. Au-delà de 10% de pente, impossible de rester en seconde, l’aiguille des vitesses baisse inexorablement. Nous calons régulièrement. Les redémarrages sont hasardeux, il nous faut « pédaler » pour que le scooter reparte. Nous rions bien sur cette vieille bécane !
Ce petit tour en montagne, est aussi l’occasion de croiser toutes sortent de bêtes. Pai essaye de nous apprendre leur nom: bò la vache (se dit [boeuh]… presque comme boeuf), cho le chien (comme dans « chien chaud » ?), il me semble devoir bêler pour dire « chèvre » ou « mouton »…. Evidemment nous ne retiendrons rien, sauf que les mots vraiment utiles pour se nourrir.
En fin d’après-midi, les nuages remontent, la brume nous enveloppe doucement et nous redescendons vers Sapa dans un brouillard de plus en plus épais.
Dîner français au Gecko
Après avoir laissé Pai à l’église, et garé le scooter, nous allons diner au Gecko. Restaurant vanté par le Lonely Planet, nous nous régalons d’une soupe de pomme de terre et d’un croque monsieur. Pas très exotique… mais quand on vit l’exotisme au quotidien, un bon plat bien de chez nous en fin de journée…. Quel bonheur !
Excursion à Cat Cat
Le lendemain, il pleut. Des cordes. La ville est noyée de brume. Nous décidons néanmoins de sortir quand même et d’aller faire un tour au village Cat Cat dont Pai nous avait parlé. Nous nous équipons : bermuda (les jambes sèchent mieux que les jeans), Kway, cape de pluie et on part en scooter (juste tous les deux). Le temps de sortir de Sapa et d’arriver à l’orée de Cat Cat, la pluie s’est arrêtée et le soleil se montre.
Cat Cat est un village, type « réserve naturelle » mais bien fait. Si la première partie du village est très commerciale, des chemins pavés sont aménagés pour faire tout un tour dans la montagne et les rizières environnantes. Pour la modique somme de 40.000 VND (moins de 2€) par personne, nous passons le péage et nous enfonçons dans la campagne. Le soleil tape, il n’y a personne. Le plan indique qu’on passera par un pont suspendu (solide ?), des cascades, un passage à gué. On croise un gardien de chèvre, ses chèvres et son chien. Nous montons, descendons, nous abreuvant les yeux de paysages composés de mille verts différents. Hanoi est exotique, verte et colorée, mais Hanoi reste une ville bruyante, encombrée et polluée. Ici, les citadins que nous sommes profitons du silence, de l’air pur, et du vert, vert vert.
Nous finissons par quitter Cat Cat à regret. Un dernier saut à la piscine, nous finalisons notre check-out et nous préparons à rentrer vers Hanoi.
Retour en bus
Le retour n’est pas en train (l’arrivée vers 6h du matin à Hanoi est un peu rude pour les travailleurs du lundi matin). Mais en bus (http://sapaexpress.com/) qui a le mérite de partir à 16h et d’arriver à 22h…. C’est un gros bus, avec des fauteuils inclinables et des pampilles sur les rideaux violets (très vietnam style). Un bon film sur l’ordi (ok un très mauvais film américain… mais ça fait du bien !) et la batterie chargée à 100%, le retour passe tranquillement.
Conclusion du week-end : finalement, Sapa c’est sympa !