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A la recherche des dauphins de l'Irrawady

Mandalay

· voyage,Myanmar,Voyager en Birmanie

Bientôt un an et demi que nous sommes en Birmanie et je publie si peu. Non pas que les sujets manquent, mais plutôt le temps!

Mais; au passage de cette année 2020, plus qu'une bonne résolution, nous avons vécu en famille et avec des amis une très belle aventure sur le fleuve Irrawady, dans la région de Mandalay.

Le concept - The Living Irrawady Dolphin Project

Tout commence par un mois de décembre bien trop occupé pour préparer convenablement le réveillon. MariChéri, prévoyant, se renseigne sur les projets des uns et des autres. Un couple d'amis nous proposent de les rejoindre : ils ont prévu d'aller voir les dauphins avec the Living Irrawady Dolphin Project. Ca tombe bien, ils sont très sympas, Choupette s'entend très bien avec leurs filles ... et voir des dauphins pour le réveillon, ça change!

The Living Irrawady Dolphin Project

On prend donc nos billets d'avion sans trop se poser de questions. Et tant mieux pour nous!

The Living Irrawady Dolphin Project (ou Burma Dolphin) n'est pas un tour opérateur classique pour touristes-valises: C'est une entreprise sociale qui promeut la protection des dauphins de l'Irrawady ( en voie d'extinction) et cherche à faire connaître et perpétuer la tradition de la pêche coopérative homme-dauphin. Leurs clients participent donc au financement de la conservation des dauphins mais également des villages alentours.

Jour 1 - Découverte de Mandalay, le "froid" et le plus grand livre du monde

Arrivés à Mandalay dans la matinée, nous découvrons avec surprise un aéroport international très agréable et une autoroute digne d'un pays développé. La ville elle-même nous fait penser à Huê (au Vietnam) avec ses grandes artères arborées, vivantes mais calmes.

Nous (re)découvrons surtout - avec surprise - le froid! Tôt le matin, il fait à peine 15° et le pantalon en lin de Choupette ne va pas lui suffire. On commence donc par un petit tour au Ocean Supercenter du coin pour lui acheter un jean, 2 t-shirts à manches longues et une paire de chaussettes.

Déjeuner au restaurant Mingalabar, le meilleur de la ville selon Tripadvisor. Le site n'a pas menti: la soupe de gingembre est délicieuse, les feuilletés au tofu fondants, et le porc aux pois chiches parfait... et les side dish innombrables! Il n'y a que la soupe de poisson que nous laissons de côté.

L'entrée du restaurant Mingalabar - qui signifie Bonjour!
Soupe de gingembre, miam!

Après une sieste bien méritée, il est temps de sortir. Un thone ban (tuk tuk local) réservé via Grab et nous voilà partis pour la pagode Kuthodaw, dont le nom signifie Mérite Royal et qui est surtout le plus grand livre du monde! Le tipitaka (ou canon bouddhique theravâda - bref, la bible en pâli du bouddhisme birman, celui du petit véhicule) gravé sur 729 stèles de marbre protégées par un petit stûpa de chaule blanc.
Plus de détails sur Wikipedia et plus de photos sur Commons Wikimedia

Une stupa de la pagode Kuthodaw
Trois stupa de la pagode Kuthodaw

Choupette sympathise avec un petit garçon au longyi violet et au visage orné de volutes de fleurs de thanaka. Elle ne veut pas prendre de photos avec lui de peur "d'attraper" les mêmes dessins sur le visage. J'achète au petit garçon une guirlande de fleurs de jasmin. J'essaye tant bien que mal de la faire tenir dans mes cheveux, à la birmane. Une dame au longyi fait de batik coloré me tend gentiment une épingle à cheveux. Avec l'épingle, la coiffure tient effectivement bien mieux.

Mais il est l'heure de rentrer, nos amis sont arrivés à l'hôtel, et demain, Burma Dolphins vient nous chercher à 7h.

Jour 2 (matin)- Embarquement et visites de villages de pêcheurs

A 7h du matin; nous voilà - les 4 adultes et 3 enfants aux yeux encore gonflés de sommeil - prêts à embarquer. Un camion pick-up au confort sommaire vient nous chercher. Ne nous plaignons pas : bien que bringuebalant, il est doté de bancs capitonnés en véritable skaï chinois. Nous sommes entassés avec les bagages. Les petites filles rient d’être serrées comme des sardines, et les parents pensent « safety first, safety first, nos parents ont certainement fait bien pire dans les années 80».

L’embarcadère de Mandalay, ce sont quelques bateaux amarrés les uns aux autres. Le chemin de terre battue descend vers le fleuve. Un semblant d'escalier creusé le long de la berge par des milliers de pas, pieds nus ou en tongs de plastique. nous descend doucement vers le fleuve.

Pour rejoindre le bateau amarré à ce semblant de quai : une simple planche de bois souple. Une fois sur le premier bateau, nous enjambons la balustrade pour passer sur celui d'à côté, et ainsi de suite jusqu'à arriver à notre bateau.

Le bateau de Burma Dolphins est un grand bateau blanc et turquoise avec un pont supérieur couvert et quatre cabines qui se révéleront très confortables pour une sieste au fil de l’eau. Chit, notre guide, distribue des gilets de sauvetage pour les petites et donne les consignes de sécurité (ne pas s’appuyer sur la balustrade) ... et d’hygiène (on se déchausse en entrant dans le bateau, l’eau des bonbonnes est potable mais pas celle des toilettes).

Le bateau du Living Irrawady Dolphin Project
Vue du pont du bateau et de ses fauteuils en rotin

Et nous voilà partis, voguant au rythme lent du fleuve. Depuis le pont nous admirons les pêcheurs sur leur pirogue, les villages de bambou, les enfants qui jouent dans la poussière et les vaches qui broutent à l’ombre d’un arbuste.

Chit nous explique de façon pédagogique les caractéristiques et la vie des dauphins de l’Irrawady, les menaces qui pèsent sur eux, mais aussi la spécificité de la pêche coopérative homme dauphin pratiquée depuis toujours par les pêcheurs du coin.

Avant de partir à la recherche des pêcheurs, nous nous arrêtons dans un premier village. Le but de notre voyage n’est pas d’être tout simple consommateur de safari fluvial, des chasseur d’images Instagrammable, mais aussi de rencontrer les gens dont le mode de vie et les traditions sont menacés par l’extinction des dauphins.

Pirogues au bord de la riviere
Femme portant un panier sur la tete
Meandre du fleuve Irrawady

Première escale dans un village ou les femmes tissent des chapeaux de bambou pour tous les villages alentours. Nous sommes accueillis par de délicieux beignets de mais, d'oignons et de pois cassés. Nous nous régalons de ce premier en-cas. La cuisinière, coiffée d'un bonnet violet et d'une écharpe écossaise, ravie de notre gourmandise, nous ressert copieusement.

Beignets de  mais, beignets de pois casses

Une fois rassasiés, les femmes du village nous font une démonstration de tissage de chapeau, en fibre de bambou, d'utilisation du longyi a diverses fins et de maquillage au thanaka. Les adultes ne se font pas prier pour essayer de tisser un chapeau (2 fibres dessus, 2 fibres dessous, 2 fibres dessus, 2 fibres dessous) ou pour tester l'effet du thanaka. C'est amusant, c'est humide et frais au début, et une fois sec, il remonte naturellement les joues! Le secret du sourire birman résiderait-il dans cette poudre d’écorce d'arbre de Thanaka?

Quant aux filles, elles répugnent à se faire "maquiller" et .préfèrent largement courir après les poussins et les chiots en poussant de grands cris ravis, terrifiant les poules et les chats qui fuient à toutes jambes, ce qui fait rire les mamans birmanes. Leurs petits enfants, les joues blanches de thanaka, couverts comme des oignons (écharpe et anorak, c'est l'hiver, il fait ....20 degrés) .De l'autre coté de la cour, des pré-ado nous ignorent ostensiblement et jouent à des jeux inconnus: lancer de tongs (les pogs du coin?) et un jeu de lancer d’élastiques dans un cercle dessiné dans la poussière.

Nous repartons enchantés, repus et chacun coiffé d'un chapeau de bambou, orné d'un dauphin bleu et de rubans synthétiques qui grattent le cou,

Deux petites filles sous leurs chapeaux
Femme au panier qui marche le long du fleuve
Maison de bambou sur pilotis
Douce vache , mi-onmbre, mi-soleil

Jour 2 (après-midi) - Les dauphins, enfin !

Nous embarquons de nouveau, d'abord pour un déjeuner dans une ferme en bord de rivière (fascination des petites filles pour les vaches et les chiots "trop mignons") puis pour retrouver les pêcheurs et enfin rencontrer les dauphins de l'Irrawady:

Arrivés au point de rendez-vous sur le fleuve, trois pirogues s'approchent et viennent se coller aux flancs de notre bateau: Il serait un peu exagéré de parler d'"amarrage à couple": ici point d'amarre, de bout ou d'écoute. Sur chaque pirogue, simplement deux hommes, chacun vêtus d'un t-shirt et d'un longyi, accroupis l'un à la poupe; l'autre à la proue (le"conducteur" (?) et le"guetteur"). Leurs mains brunies par le soleil tiennent fermement le rebord de notre bateau . Impassibles, ils attendent que tous ces petits blancs bruyants soient équipés: crème solaire, gilet de sauvetage, lunettes de soleil, casquette, bouteille d'eau, appareil photos..

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Enfin, nous sommes tous assis, trois par trois dans nos pirogues, le séant posé sur des chaises en plastique bleu, leurs pieds sciés pour le confort de nos lombaires. Les conducteurs des pirogues allument les moteurs (genre tondeuse à gazon) et abaissent dans l'eau la longue tige au bout de laquelle est fixée une petite hélice. Le moteur pétarade. Nous sommes partis.

A petite vitesse, le vent nous rafraîchit et les rives défilent. Assis au ras de l'eau, le fleuve nous offre une une perspectives différente sur ses eaux. Tantôt boueuses, tantôt argent selon la position du soleil, elles se déploient largement devant nous et nous rappellent que ce fleuve est le principal du pays (plus de 2000 km de long, et autres détails sur wikipedia).

Guetteur à la proue

Bientôt, nous arrivons dans une zone de pêche. Les conducteurs éteignent leurs moteurs. Le silence se fait. A l'arrière; le conducteur plonge silencieusement une rame dans les eaux du fleuve. A l'avant le guetteur vérifie régulièrement la profondeur de l'eau à l'aide d'un bâton. Le fleuve est bas, très bas et la pirogue pourrait s'échouer.

Notre pirogue (en tête) s'immobilise à quelques mètres d'un bateau de pêcheur. D'un geste, notre guetteur fait signe aux autres de s'arrêter. Le silence se fait, troublé uniquement par le clapotis de l'eau et le cliquetis des appareils photos. :

Sur le bateau de pêche, les deux hommes appellent les dauphins. Tantôt le conducteur frappe l'eau de sa rame. Tantôt le pêcheur, accroupi, martèle le rebord de la pirogue d'une pointe de bois polie. Ou bien, debout, il module une voix de gorge, comme un roucoulement.

Les pêcheurs
Pêcheurs sur l'Irrawaddy
Pêcheur et son filet à la proue
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A proximite des pêcheurs
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Soudain... un remous, un clapotis, une nageoire éclabousse, une fois, deux fois, le pêcheur d'une geste souple du torse lance son filet qui se déploie dans l'air en un cercle harmonieux. et tombe dans l'eau presque silencieusement.

Par chance, j'ai pu filmer. Je suis ébahie, émerveillée. Quelle chance d'avoir si bien vu, d’être si proche. Quel privilège !

Une petite tiède main m'agrippe le bras: " tu as vu le dauphin m'a chérie, tu l'as vu? - maman.... j'ai envie de faire pipi..."

La suite ...demain! ou plus tard! on verra! Kenala

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